Potentialités sémiotiques des diagrammes dans les thèses

Samuel Szoniecky , Everardo Reyes , Imad Saleh

Potentialités sémiotiques des diagrammes dans les thèses

Cette conférence a été présentée à IAVS_AISV-2019
12TH CONFERENCE OF THE INTERNATIONAL ASSOCIATION FOR VISUAL SEMIOTICS : VISUAL SEMIOTICS GOES COGNITIVE

Depuis la démocratisation des outils numériques pour l’édition de graphiques, on assiste à une prolifération des schémas, diagrammes, et autres figures dans les productions scientifiques de tout domaine qui ne se contente plus du texte mais expose aussi leurs idées sous forme graphique. Parallèlement, le partage et l’accès libre de ces productions d’images scientifiques via des portails informatiques permet de constituer automatiquement des corpus à partir d’extractions automatiques et d’annotations manuelles.

Notre travail de veille nous a conduit à constituer un corpus des figures présentes dans les thèses. Pour l’instant, nous disposons d’un corpus de 524 figures provenant de 215 thèses francophones qui nous fourni une matière très riche pour alimenter les recherches en matière de sémiotique des images scientifiques (Dondero, 2010).

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Plus particulièrement, nous nous intéressons aux potentialités de transformations que ces images véhiculent en tant que diagramme (Jedrzejewski, 2007 ; Stjernfelt, 2017).
Comment utiliser le chôra nécessaire à la genesis de ces espaces (Berque, 2012) comme moteur d’une expression commune ?
Quels sont les vocabulaires graphiques et d’interaction les mieux adaptés au cycle de la sémiose (Groupe µ, 2015) ?
Comment mettre à profit des processus de catégorisation dynamique pour analyser les existences informationnelles (Morin, 1981) qui peuplent les écosystèmes de connaissances (Szoniecky, 2017) et “concourir à la cartographie de Territoires existentiels, - impliquant des Univers sensibles, cognitifs, affectifs, esthétiques” (Guattari, 1989) ?
En quoi la participation à des jeux d’interprétation collectifs (Lévy, 2011) enrichissent les données de la recherche tout en formant l’esprit critique des citoyens (Hampartzoumian, 2013) ?

Pour répondre à ces questions, nous avons mis en place une plateforme collaborative basée sur Omeka S afin d’annoter collectivement dans un format ouvert et interopérable des diagrammes collectés dans des thèses.

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A partir d’un modèle générique, ces annotations modélisent des existences informationnelles dont on évaluera le pouvoir d’agir (Brun, 2017) en transformant ces diagrammes en cartographies sémantiques dédiées à l’analyse et l’expression de positions interprétatives.

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Cette transformation consiste à enrichir le diagramme :
• de systèmes de coordonnées pour formaliser des expressions interopérables et calculables dans les espaces matériels, les espaces conceptuels, les réseaux d’acteurs, les temporalités,
• d’une projection des systèmes de coordonnées dans le vocabulaire graphique utilisé par le diagramme,
• de dispositifs d’interactions avec l’utilisateur (click, drag & drop, capture de gestes, etc.) pour exprimer des positions dans les systèmes de cordonnées.

Les interactions avec ces cartographies sémantiques formalisent l’expression pour la rendre interopérable avec d’autres expressions. Elles modélisent le pouvoir d’agir d’un diagramme en décrivant les systèmes de coordonnées et les positions exprimés par son auteur.
Notre première hypothèse est qu’un point fait sur ces cartes par un simple clic est un processus de métamorphose, c’est-à-dire que l’interface obtenue par catasémiose conserve certaines propriétés de l’interface avant anasémiose (Groupe µ, 2015, p. 11), tout comme le papillon conserve l’ADN de la larve. Notre seconde hypothèse est que suivant le type de diagramme et donc de cartographie, il est possible de développer des processus d’hybridation, c’est-à-dire de sélectionner les effets de l’anasemiose pour favoriser certains types de catasémiose.

References
Cf. https://www.zotero.org/luckysemiosis/items/collectionKey/3ASJSUAZ