1L’agriculture consomme de l’énergie au travers des moyens de production mis en œuvre. La consommation d’énergie directe de l’agriculture était estimée à 28 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) sur une consommation globale de 1 142 Mtep soit 2,5 % de l’énergie directe consommée par l’Union européenne en 2004 (Solagro, 2007), cette énergie directe étant constituée à 55 % par du carburant agricole. Avec la réduction programmée des ressources pétrolières et l’augmentation des cours du pétrole difficilement maîtrisable à notre échelle (+ 17 % du prix de l’énergie en France entre janvier 2010 et janvier 2011 selon Agreste), l’agriculture doit réduire ses consommations énergétiques pour améliorer son bilan environnemental et économique.
2La prise de conscience de l’importance de la préservation des ressources énergétiques non renouvelables est une certitude comme le témoigne la politique énergétique mise en place depuis quelques années par les pouvoirs publics (politique énergétique de 2005, Grenelle Environnement…). Appliquée au monde agricole, cette réalité passe par le plan de performance énergétique des exploitations agricoles qui vise, entre autre, à mieux évaluer le bilan énergétique des exploitations agricoles.
3À l’heure actuelle, de nombreux outils existent pour évaluer les performances énergétiques des exploitations agricoles. Ces outils, principalement adaptés à une évaluation globale à l’échelle de l’exploitation agricole, ne sont pas forcément pertinents dès lors que l’on souhaite évaluer les performances énergétiques à une échelle plus fine (parcelle, opération culturale, atelier de production…).
4L’objectif de cet article est de présenter, au travers du projet CASDAR Energé’TIC (2009-2011), les avancées méthodologiques visant à quantifier finement les consommations énergétiques des exploitations agricoles au travers de la mise en place de nouveaux indicateurs de performances énergétiques à une échelle fine (opération culturale, parcelle…) et les solutions technologiques développées pour les renseigner.
Bilans énergétiques à l’échelle de l’exploitation agricole : méthodes, indicateurs, atouts et limites
État de l’art des diagnostics énergétiques existants
5Un certain nombre de travaux ont vu le jour ces dernières années sur l’évaluation des consommations d’énergie directe et indirecte à l’échelle de l’exploitation. Ces travaux ont donné lieu à la mise en place de méthodes d’évaluation des performances énergétiques et/ou à la création d’outils de diagnostic finalisés. Le terme de « diagnostic » sera retenu pour la suite de l’article afin de regrouper sous la même dénomination « outil » et « méthode ». Ces diagnostics, sur la base des consommations d’énergie de l’exploitation et la valeur énergétique des produits agricoles générés, permettent de calculer des bilans énergétiques (sorties – entrées) ou d’évaluer l’efficacité énergétique des exploitations agricoles (sorties/entrées). Pour la plupart, ces diagnostics permettent également de dégager un profil énergétique de l’exploitation agricole.
6Ils ont plusieurs objectifs :
- quantifier les consommations énergétiques poste par poste pour identifier les marges de progrès possibles en agissant sur le système de production, sur les pratiques et les équipements ou par la production d’énergie renouvelable sur site ;
- comparer les performances énergétiques des productions animales d’une part et végétales d’autre part, entre elles ;
- établir des valeurs de références pour un même type de production.
7Treize diagnostics ont été étudiés en détail (tableau 1), les outils non sélectionnés n’apportant pas de plus-value (outil combinant d’autres outils, outils trop qualitatifs, en cours de conception ou difficilement accessibles).
Principaux diagnostics d’évaluation des performances énergétiques des exploitations agricoles
8Ils sont regroupés en sept catégories :
- les diagnostics agro-environnementaux globaux. Ils considèrent l’exploitation dans sa globalité et évaluent les impacts de cette dernière sur son environnement (excès d’azote, pression polluante, consommations d’énergies, émissions de gaz à effet de serre…) ;
- les diagnostics agro-environnementaux parcellaires. Ils évaluent les performances environnementales des exploitations à l’échelle de la parcelle (photo 1) ;
- les diagnostics de durabilité. Ils évaluent les performances de l’exploitation selon les trois piliers de la durabilité (environnement, social et économique) ;
- Les diagnostics énergétiques : Ils permettent d’établir un bilan énergétique à l’échelle de l’exploitation en quantifiant les entrées et sorties d’énergie. Ces diagnostics prennent également en compte les émissions de gaz à effet de serre
- les diagnostics basés sur des indicateurs indépendants. Ce sont des indicateurs construits pour permettre d’évaluer de manière simple des systèmes complexes. Ces indicateurs peuvent être à différentes échelles (parcelle, exploitation) ;
- les pré-diagnostics ou autodiagnostics. Ils permettent d’évaluer grossièrement les consommations des divers équipements de l’exploitation et donnent une idée des principales pistes d’amélioration ;
- l’analyse du cycle de vie (ACV). Elle permet d’évaluer l’impact environnemental d’un système en dressant l’inventaire des émissions polluantes, des matières premières et de l’énergie sur l’ensemble du cycle de vie de ce dernier.
9Ces diagnostics mobilisent soit les principaux grands types d’énergies directes et indirectes, soit les activités consommatrices d’énergie. Les flux d’énergies directes systématiquement quantifiés sont l’électricité, les carburants (gasoil, fuel domestique, essence) et les gaz (ville-propane-butane). Les flux d’énergies indirectes concernent les énergies mobilisées lors de la fabrication des principaux intrants de l’exploitation agricole. Quelques méthodes utilisent de manière totale ou partielle l’opération technique ou l’activité comme porte d’entrée du diagnostic (irrigation, transport des marchandises, travaux par tiers…).
Atouts et limites des indicateurs de performances énergétiques existants
10Parmi les treize diagnostics, dix prennent en compte des indicateurs quantitatifs répertoriés dans le tableau 2. Les indicateurs des deux autodiagnostics étant qualitatifs, nous ne les présenterons pas ici, de même que les indicateurs de la méthode IRENA, développés pour une application à l’échelle européenne. Pour chaque indicateur sont mentionnés le type d’énergie mobilisée, le mode de calcul, l’unité et les diagnostics utilisant ces indicateurs.
Indicateurs de performances énergétiques évalués par les diagnostics actuels*
11Les indicateurs les plus récurrents sont des indicateurs simples ou des indicateurs composites (encadré 1). Leurs calculs sont basés sur une agrégation des données de consommations d’énergies directes et indirectes établies à partir de données comptables, des enregistrements papier, des dires d’exploitants (caractéristiques des matériels et des bâtiments, quantités produites).
Encadré 1. Types d’indicateurs pouvant être mobilisés pour évaluer les performances énergétiques des exploitations agricoles
Ces indicateurs fournissent une information unique issue de la combinaison de différentes variables. Ils sont destinés à renseigner sur des systèmes complexes ou une réalité difficilement quantifiable par l’agrégation de données facilement accessibles. Ces indicateurs facilitent la compréhension et l’interprétation du destinataire, mais perdent en sensibilité et ne permettent pas d’identifier une modification des pratiques, ni d’identifier des pistes d’amélioration.
Indicateurs simples
Ces indicateurs sont élaborés à partir de données élémentaires non agrégées dont les valeurs référencées permettent d’analyser directement une situation. Ces indicateurs peuvent toutefois fournir une information globale sur les flux mobilisés sans les différencier (ex. : consommation d’électricité en KWh) et ne pas permettre une analyse fine (difficulté pour distinguer l’électricité liée au pompage de l’eau d’irrigation de celle liée à l’éclairage des bâtiments par exemple).
Indicateurs basés sur les moyens
Ils sont renseignés à partir des pratiques de l’exploitant et sont des indicateurs simples à mettre en œuvre et peu coûteux. Ils sont basés sur des références théoriques de consommation par type d’équipement, selon des factures ou à dires d’exploitants.
Indicateurs basés sur les effets
Ils permettent d’évaluer l’état du système de production, voire les émissions vers l’environnement. Ils sont renseignés à partir de mesures (utilisation d’énergie directe) et de calculs de modélisation simples (énergie indirecte). Ce sont des indicateurs pouvant être simples mais nécessitant une collecte de données plus importante que les indicateurs basés sur les moyens.
Indicateurs d’effets potentiels
Ils permettent de mesurer les effets potentiels des différentes pratiques sur les divers compartiments de l’environnement ou sur le fonctionnement de l’exploitation et prennent en compte à la fois les impacts directs et les impacts indirects de ces dernières. Ils sont basés sur l’analyse du cycle de vie et permettent d’identifier le niveau d’altération de l’écosystème, l’épuisement des ressources ou les consommations d’énergies induites par les activités agricoles.
12Les informations obtenues par ces diagnostics permettent d’avoir une bonne idée des performances globales des exploitations agricoles en identifiant les postes les plus énergivores ou en permettant de connaître la performance de la transformation de l’énergie des intrants au travers de l’indicateur « efficacité énergétique ». Le profil énergétique de l’exploitation agricole permet quant à lui de visualiser les performances énergétiques au regard des productions végétales d’une part et animales d’autre part. Le calcul de ces indicateurs se limite le plus souvent à l’échelle globale de l’entreprise agricole par manque de données fiables et un calcul à l’échelle de l’atelier de production, de la parcelle ou de l’opération nécessiterait une acquisition plus fréquente de données.
13D’autres indicateurs calculent un score (INDIGO, KUL), permettant d’avoir une valeur chiffrée entre 0 et 10 et de se positionner par rapport à une valeur de référence (7 pour INDIGO).
14Toutefois, ces indicateurs trouvent leurs limites dès que l’on veut établir des bilans à une échelle plus fine. En effet, bien que les postes de consommations énergétiques soient identifiés, l’information n’est pas suffisamment précise pour mettre en place un meilleur système de pilotage énergétique des exploitations agricoles (pilotage au mois, à l’année, par opération technique, par culture, par atelier de production…).
15Tel est l’un des objectifs du projet CASDAR Energé’TIC (2009-2011) [1][1]Ce projet regroupe 14 partenaires : ACTA – ARVALISInstitut du…. Ce projet, coordonné par l’Association de coordination technique agricole (ACTA) et Irstea, avait pour ambition d’apporter une solution à la fois scientifique et technique à l’évaluation fine des dépenses énergétiques des exploitations agricoles par l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Installées directement sur les équipements agricoles, les solutions technologiques envisagées (capteurs bas-coûts, RFID…) permettront d’acquérir des informations fiables et en routine dans le but d’alimenter des indicateurs de performances énergétiques à une échelle fine (opération culturale, parcelle…).
Élaboration de nouveaux indicateurs en vue d’une évaluation fine des performances énergétiques des exploitations
16Un des objectifs du projet Energé’TIC était de pouvoir proposer un ensemble de nouveaux indicateurs permettant une évaluation fine des consommations énergétiques. Pour mettre en place ces indicateurs, plusieurs étapes méthodologiques sont nécessaires :
- définir le périmètre à étudier pour calibrer le type de données à collecter ;
- définir les activités consommatrices d’énergie à prendre en compte pour identifier les solutions technologiques à mobiliser pour collecter les données ;
- définir le type d’énergie et l’échelle de collecte (spatiale, temporelle…) pour calibrer le choix des indicateurs.
17La réalisation d’un bilan énergétique d’une exploitation agricole, qu’il soit réalisé à une échelle fine ou à l’échelle de l’exploitation agricole, nécessite de définir au préalable les limites physiques du champ d’investigation. 18L’objectif de notre étude étant de quantifier de manière précise, à l’aide des NTIC, les dépenses énergétiques des exploitations, nous avons limité le périmètre de notre étude et donc la collecte de données d’énergies directe et indirecte au site de l’exploitation agricole et à son environnement proche (figure 1, encadré 2). 19Cet environnement proche comprend les activités indissociables du processus de production et de son bon fonctionnement (prestations de services, achat/vente auprès des fournisseurs directs). Le périmètre de collecte des données à l’aide des NTIC n’a pas été étendu au-delà (énergies indirectes liées à la fabrication des intrants, énergies mobilisées par les fournisseurs…) car ces activités sont trop difficiles à mesurer ou trop complexes à évaluer avec la mise en place par des NTIC. Lorsqu’elles sont prises en compte, les données seront collectées sur la base de références bibliographiques. 20La seconde étape de la méthodologie mise en place a consisté à identifier l’ensemble des postes consommateurs d’énergie directe et indirecte inclus dans le périmètre de l’étude, c’est-à-dire les postes mobilisés par les activités de production (ensemble des processus nécessaires à la production des denrées agricoles jusqu’à leur sortie de l’exploitation) et les activités indissociables au fonctionnement de l’exploitation en lien avec son environnement proche (prestations de services, travaux réalisés par des tiers…). 21Une partie de ce travail a donc consisté à définir les relations de l’exploitation agricole avec son environnement et à analyser la question des transports liés aux livraisons des fournisseurs et/ou des clients. Le choix a été fait de collecter les informations relatives aux distances de transport entre l’exploitation et les fournisseurs et/ou clients directs, soit par recueil de l’information si celle-ci est disponible, soit en considérant une distance fixe entre le siège de l’exploitation et le siège du fournisseur et/ou du client. Le tableau 3 présente les postes et flux énergétiques considérés. 22Nous avons ensuite réalisé une typologie des activités liées au fonctionnement de l’exploitation agricole mobilisant ces postes. Elles sont au nombre de trois : 23Deux exemples d’activités consommatrices d’énergie sont présentés sur le tableau 4, respectivement pour une activité culturale (fertilisation) et une activité d’élevage (gestion de la traite). 24L’évaluation des performances énergétiques des exploitations agricoles à une échelle plus fine que celle du contexte de l’exploitation pose inévitablement, d’une part la question du type d’indicateur à mobiliser, mais également la question de l’échelle à laquelle il sera évalué. 25Le choix a été fait d’élaborer deux types d’indicateurs :Périmètre étudié pour l’élaboration d’un bilan énergétique à une échelle fine
Encadré 2. Énergies directes et indirectes – définition et choix pour l’étude
Les énergies indirectes sont les énergies utilisées lors des processus de fabrication des intrants, matériels et bâtiments mobilisés par le système étudié. Les intrants identifiés pour l’étude sont les produits de maintenance, les produits de nettoyage, les produits et matériel vétérinaires, les aliments du bétail (hors fourrages), les fournitures et plastiques divers, les produits phytosanitaires, les fertilisants minéraux, les fertilisants organiques, les amendements, les semences, l’électricité liée à l’acheminement de l’eau potable et d’irrigation depuis le réseau vers l’exploitation.Quelles activités consommatrices prendre en compte pour l’élaboration d’un bilan énergétique à une échelle fine ?
Choix des activités consommatrices d’énergies à évaluer dans le cadre de l’étude
Ces activités consommatrices sont composées d’opérations techniques, regroupées selon leur degré de dépendance les unes envers les autres. Le recensement de ces activités et de ces opérations techniques a été le plus exhaustif possible et validé par les exploitations des lycées agricoles partenaires du projet Energé’TIC. Chaque opération a ensuite été décortiquée afin d’identifier les éléments du système opérant [2][2]Ensemble d’éléments matériels ou immatériels en interaction,… mobilisés (matériel, équipement et bâtiments), les énergies directes consommées par les équipements mobiles et fixes et les énergies indirectes liées à l’utilisation des intrants.
Détail des activités consommatrices « Fertilisation » et « Gestion de la traite »
Mise en place des indicateurs énergétiques à une échelle fine et choix de l’échelle d’expression des résultats
Ces indicateurs doivent être les plus simples possibles pour fournir des informations sur les consommations d’énergie à la parcelle, à la culture, au lot d’animaux, à l’opération technique. Ainsi, ils ont été construits selon la plus petite échelle d’analyse pertinente identifiée et selon plusieurs échelles d’expression des résultats :
Le tableau 5 récapitule les indicateurs proposés pour l’évaluation des performances énergétiques des exploitations agricoles à une échelle fine. Ces indicateurs, par agrégation, pourront servir à évaluer les performances énergétiques des exploitations à différents niveaux de pilotage (parcelle, atelier de production, culture, exploitation) comme indiqué par un exemple sur la figure 2.Indicateurs proposés pour l’évaluation fine des performances énergétiques des exploitations agricoles*
Exemples d’indicateurs mis en place et associés à une des solutions technologiques mise en œuvre pour la collecte des données
Solution d’acquisition de données géo-référencées mise en place : l’alliance entre capteurs et dispositif d’enregistrement des données
26La solution d’acquisition envisagée doit permettre de réaliser l’acquisition automatique des données à l’aide de capteurs bas-coûts et doit permettre le calcul des indicateurs proposés. Le dispositif d’enregistrement doit donc assurer la collecte minimale de données utiles à la définition des indicateurs identifiés :
- les composantes d’un attelage (et donc indirectement les opérations techniques concernées) seront identifiées par un système d’identification automatique à partir de badges RFID. Cette identification portera avant tout sur l’outil principal, mais il sera possible d’identifier d’autres outils, le ou les opérateurs, le tracteur/automoteur, l’installation fixe ou mobile, et tout autre équipement qui peut être associé à un attelage (tasses avant, pneus, etc.) ;
- les consommations de carburant seront mesurées pour une durée de fonctionnement déterminée en intégrant les mesures de consommations instantanées de carburant d’un compteur de consommation ou en mesurant le niveau d’une simple jauge placée sur le réservoir à carburant du tracteur/automoteur ;
- les états de fonctionnement des outils, pour qualifier la nature des tâches réalisées, seront identifiés à l’aide de capteurs « tout ou rien » placés sur la prise de force, le relevage arrière, le bras du troisième point du tracteur/automoteur…
- la localisation de l’attelage (et ses changements de localisation) sera obtenue avec un système GPS/DGPS qui permettra de connaître la localisation de l’attelage de manière absolue sous forme de coordonnées géographiques ;
- l’identification des temps se fera par une horloge intégrée au dispositif d’acquisition. Les distances parcourues et les surfaces travaillées pourront dans un premier temps être obtenues en post traitement.
27Afin de satisfaire ce cahier des charges, l’application a été développée à partir d’un boitier Kerlink Wirma Nomad basé sur un processeur ARM920T pouvant traiter jusqu’à 200 MIPS à 180 MHz. Ce boitier comporte une mémoire SDRAM de 32 Mo et une mémoire flash de 32 Mo ainsi qu’un récepteur GPS 16 canaux utilisant la norme NMEA 2.0. Le programme de lecture et d’enregistrement des données provenant des capteurs a été élaboré à partir de développements en langage C et de script Linux. L’état de fonctionnement de la prise de force, du relevage arrière et du bras de troisième point est détecté par le changement d’état des entrées numériques du boîtier correspondantes. La mesure du niveau de carburant du réservoir est obtenue avec une jauge à carburant capacitive Vepamon connectée sur un port série RS232 du boîtier.
28La photo 2 montre les différents capteurs utilisés. Les informations d’identification RFID délivrées par le système Ingecom sont collectées par le second port série RS232 du boîtier. Les données recueillies et assemblées constituent des fichiers textes qui sont sauvegardés sur une clé USB en vue d’un transfert vers une base de données pour une exploitation ultérieure. Le schéma de principe du système d’acquisition de données est représenté sur la figure 3.
29Après le démarrage du tracteur, le changement d’état d’un capteur, ou la demande de l’opérateur provoquera une acquisition constituée d’un message ou d’une trame regroupant les informations suivantes : date, temps, données GPS, état des capteurs utilisés, informations concernant le relevé de la consommation de carburant et identification RFID. Ces trames sont regroupées dans des fichiers texte directement exploitables sous un tableur de type Excel. Pour l’intégration de ces données dans une base de données, un premier traitement des données est nécessaire, au moyen notamment d’une table de vérité, afin de connaître les différentes phases de fonctionnement, y attribuer les valeurs de niveaux de carburant mesurées et l’identification RFID correspondante. Ce traitement permet de convertir les valeurs brutes obtenues par les capteurs en valeurs directement exploitables pour le calcul des indicateurs de performances énergétiques proposés.
Exemple de calcul d’indicateurs sur la base des informations collectées à l’aide de la solution d’acquisition développée
30Huit sites pilotes servent de support au projet Energé’TIC (station expérimentale de La Jaillière, Loire Atlantique – Arvalis Institut du Végétal ; station expérimentale de Kerguéhennec, Morbihan – CRAB ; station expérimentale de Derval, Loire Atlantique – Institut de l’élevage ; site de recherche et d’expérimentation de Montoldre, Allier – Irstea ; exploitation du lycée agricole de Vesoul, Haute-Saône ; exploitation du lycée agricole de Moulins, Allier ; exploitation du lycée agricole de Brioude, Haute-Loire ; exploitation du lycée agricole de Marmilhat, Puy-de-Dôme).
31Ces sites ont été choisis pour prendre en compte la grande diversité de situations en exploitations de grandes cultures et de polyculture et élevage. Un bilan Planète, à l’échelle de l’exploitation, a déjà été réalisé sur la plupart des sites et a permis d’identifier globalement les postes les plus consommateurs en énergie. Tous les sites étudiés sont équipés de logiciels de gestion qui recueillent les informations consignées sur papier, agenda ou Pocket PC. Des enregistrements ont régulièrement été réalisés au cours de l’année 2010 pour les opérations suivantes : travail du sol, distribution des aliments, entretien paysager, fertilisations organique et minérale, irrigation, protection des cultures, récolte, semis.
32Parmi les huit sites, le site de Montoldre a été choisi pour expérimenter la solution d’acquisition présentée dans cet article. Un exemple de résultat d’indicateur est fourni pour l’opération technique travail du sol. Cette opération technique a fait l’objet d’une collecte de données à l’aide de la solution technologique développée (25 enregistrements). Elle est composée de plusieurs sous-opérations (labour, déchaumage, hersage).
33À partir de ces données, nous avons calculé les indicateurs de l’échelle spatiale suivants du niveau le plus fin au niveau le plus agrégé :
- litres de carburant utilisés pour réaliser une sous-opération de travail du sol pour une parcelle, une culture, un opérateur, un équipement donné pour l’année 2010 (niveau le plus fin) ;
- litres de carburant utilisés pour l’opération de travail du sol par parcelle ;
- litres de carburant utilisés pour l’opération de travail du sol par culture ;
- litres de carburant utilisés pour l’opération de travail du sol (niveau le plus agrégé pour l’opération culturale étudiée).
Indicateur de performance énergétique le plus fin obtenu pour le travail du sol (Montoldre – Campagne 2010)
Indicateur de performance énergétique le plus agrégé obtenu pour le travail du sol (Montoldre – Campagne 2010)
34Dans notre cas, la consommation de carburant pour le labour varie de 15,09 à 62,57 l/ha, soit une variation du simple au quadruple (415 %) d’une parcelle à l’autre.
35Après analyse, il s’avère que les résultats obtenus pour les parcelles PIQ (variant de 44,94 à 62,57 l/ha) reflètent bien la réalité d’un travail réalisé sur des sols fortement argileux (40 % d’argile en moyenne sur les parcelles PIQ) dans des conditions humides. Le travail du sol pour les parcelles PAL est moins énergivore (15,09 à 19,46 l/ha) du fait de la texture plus facile à travailler de ces dernières (sols sablo-limoneux).
36On constate que la mise au point de ces indicateurs permet d’identifier la variabilité parcellaire rencontrée pour une même sous-opération (encadré orange – tableau 6) et permet un pilotage fin des performances énergétiques par l’identification notamment des parcelles « à risque ».
37L’indicateur agrégé (tableau 7) nous donne la valeur moyenne de l’ensemble des opérations de travail du sol pour l’exploitation de Montoldre (12,63 l/ha pour la campagne 2010). Cet indicateur peut servir pour comparer les résultats des exploitations entre elles ou servir de référence de base en vue d’une amélioration future des pratiques.
Conclusion et perspectives
38Le but de cette étude n’était pas de révolutionner le monde du diagnostic énergétique, mais de s’inspirer des diagnostics existants pour fournir des indicateurs de pilotage pour l’évaluation des performances énergétiques à une échelle infra-exploitation.
39Ce travail, s’inscrivant dans le cadre d’un projet sur l’utilisation des NTIC pour l’évaluation des performances énergétiques des exploitations agricoles, a permis d’évaluer les besoins en informations, les modalités de collecte et de traitement des données nécessaires au calcul des indicateurs proposés. L’étude donne ainsi les bases « idéales » pour réaliser un diagnostic fin.
40La solution d’acquisition présentée est un des exemples des solutions proposées dans le cadre du projet Energé’TIC. Les solutions développées dans les autres sites pilotes (compteurs électriques divisionnaires, pinces ampéremétriques) permettront d’analyser les indicateurs proposés pour d’autres types d’énergies directes et d’autres équipements (bâtiments, équipements fixes). Le panel d’outils de mesures disponibles et existants conditionnera et formalisera davantage le choix final des indicateurs.
41L’application de ces indicateurs sur les huit exploitations partenaires du projet a été réalisée courant 2011. Elle a permis de renseigner les sites pilotes sur leurs performances et avoir un premier aperçu des ordres de grandeurs de certaines consommations, en calculant les indicateurs définis aux différentes échelles d’analyse à l’aide de l’entrepôt de données développé dans le cadre du projet.
42Nous avons montré par l’exemple du travail du sol l’intérêt de ces indicateurs pour le pilotage fin des performances énergétiques des exploitations agricoles. À terme, ces indicateurs et les informations recueillies via les NTIC permettront d’élaborer des références de consommations énergétiques et de compléter les référentiels et bases de données utilisés dans les inventaires d’analyses du cycle de vie afin de les adapter au contexte français.
Remerciements
Les auteurs remercient Julie BUISSON, stagiaire de licence professionnelle « Gestion durable des ressources en agriculture » ; Vincent ABT, Jean-Pierre CHANET, Mylène ESCALLIER, Géraldine ANDRÉ, unité de recherche Technologies et systèmes d’information pour les agrosystèmes (Irstea), pour leurs contributions à l’étude présentée dans cet article. Ce travail a bénéficié du soutien financier du projet CASDAR Energé’TIC (2009-2011).Notes
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[1]
Ce projet regroupe 14 partenaires : ACTA – ARVALISInstitut du Végétal – Irstea – Chambre d’agriculture de Loire-Atlantique – Chambre régionale d’agriculture de Bretagne – ENESAD – ENITAB – EPLEFPA Brioude – EPLEFPA Marmilhat – EPLEFPA Moulins – EPLEFPA Vesoul – FNCUMA – Institut de l’Élevage - SOLAGRO
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[2]
Ensemble d’éléments matériels ou immatériels en interaction, transformant par un processus des éléments (les entrées) en d’autres éléments (les sorties).