Comment le passage au numérique va-t-il affecter les relations humaines ? « Humans get their information from two places – from mainstream media or some other centralized organization such as a church, and from their network of family, friends, neighbors and colleagues. We’ve already digitized the first [...]. What Zuckerberg [1] Mark Zuckerberg est le fondateur du réseau social Facebook...[1] is trying to do with Facebook is digitize the second. [2] « Les hommes vont chercher l’information à deux endroits :...[2] » (Vogelstein, 2007). Nous proposons d’étudier la manière dont une socio-numérisation peut constituer le pendant des innovations techniques apportées par le numérique. En particulier, nous verrons comment la question documentaire de l’indexation et celle des réseaux sociaux s’inscrivent dans la perspective renouvelée d’une économie sociale des documents.
La représentation que nous avons du Web est conditionnée par les possibilités de navigation et d’accès que proposent les moteurs de recherche. De sa naissance (Berners-Lee, 1989) jusqu’à la fin des années 1990, le Web comme continent documentaire se confond avec le Web public, indexé par les moteurs. À ses côtés un Web « profond » (Bergman, 2001) se constitue : les pages sont générées dynamiquement à partir des requêtes déposées par les utilisateurs [3] Sites d’achat de billets de train ou d’avion, catalogues...[3]. Les moteurs de recherche peinent encore (pour des raisons techniques) à indexer ces contenus, justifiant l’expression d’un «Web invisible » [4] Le 11 avril 2008, Google a annoncé qu’il allait être...[4]. En parallèle, l’échange de courriers électroniques et les documents stockés sur les ordinateurs personnels échappent à l’indexation des moteurs. La ligne frontière des continents documentaires visibles et invisibles tient donc à l’impossibilité d’accéder à certains types de contenus pour les indexer. Une frontière aujourd’hui abolie.
3Web public, Web profond, correspondances électroniques personnelles mais aussi fichiers et documents stockés sur nos ordinateurs personnels sont désormais réunis en une même sphère d’indexabilité (Ertzscheid, 2005). La raison : le passage « en ligne » de l’essentiel de nos comportements informationnels, grâce au déploiement d’outils dédiés mis à disposition par les moteurs (webmails, Desktop Search [5] Les webmails permettent de stocker et de consulter...[5]). L’essentiel du matériau documentaire qui définit notre rapport à l’information et à la connaissance se retrouve entre les mains de quelques sociétés marchandes : courriers privés, fichiers personnels, pages Web publiques, pages Web d’entreprises, publication savantes, fonds numérisés de bibliothèques. Un seul et même outil, une seule et même société commerciale [6] Google dispose ici d’un leadership incontestable, lequel...[6] indexe et supervise l’accès à cet ensemble. En termes d’accès et de droit à l’information, le mouvement de concentration extrême qui touche ici la médiasphère fait débat. D’autant que de nouveaux usages produisent une hybridation inédite des sphères publiques et privées : on parle à propos des blogs d’espaces de publication « extimes » (Tisseron, 2001). Enfin, des comportements informationnels de plus en plus nomades se cristallisent autour des outils bureautiques en ligne offerts par les mêmes acteurs (Google principalement).
4Soit un nouvel écosystème informationnel global préempté par quelques moteurs de recherche qui font commerce de l’accès à ces contenus. Car la gratuité des services offerts ne doit pas masquer la logique marchande de cette mise en mémoire planétaire. L’indexation massive de la sphère documentaire publique, privée et intime n’a plus comme objectif principal de répondre à des logiques de recherche d’information en optimisant la pertinence des résultats proposés. Elle vise la diffusion ciblée de publicités contextuelles sur tout type de contenu documentaire, dans tous les types d’activités sociales ou professionnelles connectées.
Avec la réunification des continents documentaires, deux modèles aux antagonismes structurels s’affrontent. Le modèle bibliothéconomique défend l’accès raisonné à des documents choisis pour leur représentativité. Le modèle économique des moteurs de recherche – largement dominant sur le Net – tend à la marchandisation systématique et optimale de tout contenu documentaire en ligne, quelle que soit sa nature et sa granularité. Dans le contexte d’une économie de l’accès et de l’attention (Salaün, 2004, p. 30 ; Davenport et Beck, 2001) totalement préemptée par les moteurs de recherche, tout est mis en œuvre pour accroître les possibilités de recouper systématiquement les données ainsi collectées, jusqu’à constituer une « base de donnée des intentions » (Battelle, 2003) couvrant l’ensemble des données, informations et connaissances indexables.
6Notre monde a toujours été documenté. Mais pendant des siècles, l’indexation, humaine ou machinique, demeura hors de toute considération marchande. Avec l’arrivée des liens sponsorisés [7] Les liens sponsorisés (achat de mots-clés) furent introduits...[7] fonctionnant aussi bien en production (« j’achète un mot ») qu’en réception (« j’affiche une publicité »), plus aucune industrie culturelle n’échappe à cette nouvelle dimension marchande de la représentation et de l’accès à l’information. L’arrivée de nouvelles procédures d’indexation sociale ou « folksonomies » [8] Les folksonomies désignent un système de classification...[8] (Le Deuff, 2006 ; Ertzscheid et Gallezot, 2006) pourrait introduire une alternative à la situation monopolistique décrite jusqu’ici, si les outils qu’elle nécessite n’appartenaient pas aux mêmes acteurs [9] Le site del.icio.us (<http://del.icio.us>) a été racheté...[9]. Quoi qu’il en soit, ces pratiques contribuent à faire de chacun de nous des médiateurs-indexeurs de toute trace documentaire, si infime soit-elle [10] L’indexation sociale permet de déposer des tags (mots-clés)...[10].
7Après cette socialisation de l’indexation, l’individu et ses relations interpersonnelles connectées peuvent être envisagés comme le nouveau corp(u)s documentaire d’une écologie informationnelle globale. Si les modalités de traitement documentaire ont évolué en perdant en logique ce qu’elles gagnaient en usages, et en intégrité ce qu’elles gagnaient en revenus publicitaires, leur finalité demeure : il s’agit de « faire collection » pour permettre à chacun de s’orienter, de choisir, en mettant en place un catalogue global des individualités humaines.
8Trois axes permettent de caractériser cette nouvelle économie sociale des documents numériques. Le premier est celui d’une communautarisation des pratiques (logiques participatives du Web 2). Le second concerne l’homogénéisation de la sphère d’indexabilité des contenus Web et non-Web (espaces public, privé, intime, extime convergent). À la croisée de ces deux axes, les grands acteurs marchands, qui contrôlent l’ensemble des accès et des services numériques.
À l’instar du Web renouvelant le fantasme de la bibliothèque universelle d’Otlet (Otlet, 1934 ; Van Den Heuvel et al., 2003), les réseaux travaillent l’imaginaire du village global et de l’humanité connectée. Le fondateur de Facebook met en avant le concept de graphe social, pour en faire un argument marketing. Le graphe social « est l’ensemble des relations de toutes les personnes dans le monde. Il y en a un seul et il comprend tout le monde. Personne ne le possède. Ce que nous essayons de faire c’est de le modéliser, de représenter exactement le monde réel en en dressant la carte » (Pisani, 2007).
10Initialement simples listes de relations (friend-list), les réseaux sociaux sont aujourd’hui de véritables médias de socialisation : ils autorisent la mise en relation mais également la mise en partage de tous types de médias [11] Il est possible d’y partager des signets, des billets...[11]. La dynamique de cette évolution est identique à celle qu’on a déjà décrite : mes informations, mon profil, mes traces numériques documentaires, mes amis et mes relations s’y trouvent réunis en un même panoptique. Mais les pratiques d’enregistrement sur un réseau social se font beaucoup plus incitatives pour la délivrance d’informations relevant de notre vie privée et intime. Le déclaratif et l’explicite y sont la règle : lors de votre inscription sur Facebook, vous devez indiquer vos orientations politiques, sexuelles et religieuses. La justification affichée par le site (mise en relation affinitaire) ne doit pas masquer la constitution d’une collection, d’un fichage organisé d’individualités. Des individualités qui peinent à se dissimuler derrière une ou plusieurs identités numériques.
11L’identité numérique peut être définie comme la collection des traces (écrits, contenus audio ou vidéo, messages sur des forums, identifiants de connexion, actes d’achat ou de consultation…) que nous laissons derrière nous, consciemment ou inconsciemment, au fil de nos navigations et de nos échanges. Une fois « remixées » par les moteurs de recherche ou les sites de réseaux sociaux, ces traces définissent le périmètre de notre réputation numérique [12] Pour plus d’informations, voir notamment Cardon (2...[12].
Entre les aspirations des usagers à rassembler leurs traces et l’offre de services très diversifiée des outils de recherche pour optimiser leur ciblage publicitaire, nous documentons en permanence et en toute transparence nos identités numériques. Ou plus précisément la part « numérique » de nos productions documentaires et ce qu’elles disent de nous dans l’interface des moteurs de recherche ou des réseaux sociaux.
13Stockage et partage de photos, de vidéos, rédaction de blogs, archives ouvertes scientifiques, gestion de profils professionnels, journaliste citoyen, commentaires et contributions diverses : la quantité des traces numériques est d’autant plus considérable que chacune d’elles peut à son tour être commentée, réindexée, recompilée pour d’autres usages, dans d’autres dispositifs ou discursifs. En un mot : « redocumentarisée ». (Zacklad, 2007). La granularité des documents disponibles devient aussi complexe à appréhender que leur dispersion sur le réseau.
14Dans ce grand désordre, il devient de plus en plus difficile de capter et de maintenir un niveau suffisant d’attention. Grâce aux technologies RSS et aux univers semi-fermés des réseaux sociaux, la moindre trace d’activité documentaire chez l’une de vos relations est capitalisée : chaque mise à jour de son profil, changement de son « statut » ou échange, si anodin soit-il, est instantanément signalé dans votre propre espace. L’in-scription documentaire n’est plus la seule à être décomposée et réfléchie sous différentes formes ; c’est désormais l’attention portée à cette trace en recomposition permanente qui est instrumentalisée. Le document n’est plus simplement vecteur d’attention, c’est l’attention qui devient le vecteur d’une documentation permanente.
L’interface de Facebook explicite parfaitement ce processus par la disposition des trois grandes unités sémiotiques qui la composent.
16L’ouverture d’un compte permet de disposer d’une identité centrale [1] factuelle (sexe, date de naissance, opinions politiques, religieuse…) mais toujours possiblement fantasmée (aucune vérification n’étant opérée) – une identité que « nous » documentons avec divers documents (photos, articles). Elle se prolonge alors dans d’autres strates identitaires (profils relationnels, personnels, académiques, professionnels) [3], qui autorisent différentes recompositions, diverses redocumentations croisées. La fouille identitaire (moteur de recherche) [2] peut alors opérer de manière affinitaire (recherche « élective » de personnes partageant les mêmes vues politiques ou religieuses), mais peut également être propagée ou recoupée avec d’autres strates (listes de nos « amis », de nos « réseaux » géographiques, professionnels… elles-mêmes hiérarchisables).
Le lien entre « identité(s) » et « document(s) » procède d’une identité documentaire autoréférentielle maîtrisée en amont : je remplis ma fiche, mes profils, j’insère mes documents. La dissémination des informations dans les autres strates qui composent le système est beaucoup plus délicate à contrôler.
18Le processus dominant est la réciprocité des documentations identitaires entre amis d’un même groupe ou sur la base d’une exploration affinitaire (recherche de personnes possédant les mêmes préférences sexuelles, politiques ou religieuses).
19Le système exploite toutes les possibilités de fouille et de recoupement disponibles. Propagés dans différents réseaux, mes documents, mes profils, mes « identités », mes « amis » s’affranchissent de mon espace de contrôle. L’objectif de maîtrise cède la place à celui de dispersion, de divertissement [13] Les applications les plus populaires sur le site Facebook...[13] et dans une moindre mesure de travestissement. L’intérêt marchand du processus est d’enrichir la granularité et la rentabilité des documents et des identités via les usages et les recompositions qui seront opérées hors de la sphère de contrôle et de diffusion initiale. Pour le participant au réseau, l’intérêt devient celui de la « sérendipité » (Perriault, 2000 ; Ertzscheid et Gallezot 2004), c’est-à-dire la découverte, l’affichage et la réappropriation fortuite de l’ensemble des traces documentaires identitaires et affinitaires disponibles.
Ces traces identitaires documentées interrogent la privauté des espaces numériques semi-publics, dans lesquels ce que je dis de moi aujourd’hui restera accessible demain. Cette persistance documentaire est au cœur de l’économie des identités : appliquée aux profils et aux applications utilisées, elle permet de conserver l’activité sociale des individus, pour mieux monétiser l’ensemble au travers de l’offre publicitaire choisie. La fouille identitaire, la searchability – littéralement, capacité à être recherché/retrouvé (Boyd, 2007) – ajoute encore à l’effet panoptique, particulièrement parce qu’elle est mise en œuvre non plus simplement par des proches mais également par des sociétés commerciales, des institutions, et demain peut-être des États.
« L’antilope qui court dans les plaines d’Afrique ne peut être considérée comme un document. Mais si elle est capturée et devient un objet d’études, on la considère alors comme un document. Elle devient une preuve physique. » (Briet, 1951). L’ensemble des strates identitaires qui sont au cœur de la logique déclarative des sites de réseaux sociaux, conjuguée à leur volumétrie considérable, autorise toutes les exploitations procédurales, toutes les ré-ingénieries, toutes les redocumentarisations. L’homme est devenu un document comme les autres, disposant d’une identité dont il n’est plus « propriétaire », dont il ne contrôle que peu la visibilité (ouverture des profils à l’indexation par les moteurs de recherche), et dont il sous-estime la finalité marchande.
L’industrialisation de l’indexation rejoint donc inexorablement celle de l’intime (Giffard, 2005). Elle sera complète et réalisée quand un continuum stable sera établi entre nos identités, documents et comportements en ligne et hors ligne. Or c’est précisément ce mouvement qui est en cours avec la mise en place d’applications effaçant cette dernière frontière entre un monde connecté et un autre déconnecté [14] C’est cette synchronisation totale que propose Google...[14]. Quand cette ultime frontière aura sauté, tout sera en permanence indexé, mémorisé, stocké, documenté. Ce nouveau continuum numérique sera d’abord le reflet de cette rémanence des flux informationnels qu’imprègnent de manière de plus en plus indélébile les documentations attachées à nos sociabilités virtuelles.
23Après avoir réglé la question de l’adressage des documents (World Wide Web), après s’être donné les moyens d’une indexation en temps réel des flux informationnels (World Live Web), nous sommes aujourd’hui entrés dans un troisième âge documentaire : celui qui systématise l’instrumentalisation de nos sociabilités numériques ainsi que le caractère indexable d’une identité constituée par nos traces sur le réseau, indistinctement publiques, privées ou intimes. Documents et mots-clés ont acquis une dimension marchande. Ils se vendent et s’achètent sur la grande place du marché d’Internet que régule pour une large part le seul moteur Google. Nos traces identitaires numériques sont dès à présent également marchandisables. À quelle échelle le seront-elles demain et de quel niveau de contrôle disposerons-nous encore sur leur dissémination ? Bienvenue dans le World Life Web.
[1] Mark Zuckerberg est le fondateur du réseau social Facebook (<http://www.facebook.com>).
[2] « Les hommes vont chercher l’information à deux endroits : dans les grands médias ou dans tout autre organisation centralisée (comme une église) et auprès de leur réseau familial, de leurs amis, de leurs voisins, de leurs collègues. Nous avons déjà numérisé les premiers. […] Ce que Zuckerberg essaie de faire avec Facebook, c’est de numériser les seconds. »
[3] Sites d’achat de billets de train ou d’avion, catalogues en ligne, etc.
[4] Le 11 avril 2008, Google a annoncé qu’il allait être capable d’indexer certaines données situées « derrière » les formulaires Web. Voir ce billet : <http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2008/04/de-profundis.html>.
[5] Les webmails permettent de stocker et de consulter son courrier électronique en ligne. L’offre Desktop Search permet d’indexer le contenu d’un ordinateur personnel grâce au moteur choisi (Google, Yahoo! ou Microsoft).
[6] Google dispose ici d’un leadership incontestable, lequel ne peut être élargi au-delà des deux sociétés concurrentes que sont Yahoo! et Microsoft.
[7] Les liens sponsorisés (achat de mots-clés) furent introduits pour pallier aux insuffisances du modèle économique qui servait alors de base aux moteurs (location de bannières publicitaires). Ils représentent aujourd’hui l’essentiel des revenus colossaux de Google.
[8] Les folksonomies désignent un système de classification collaborative, à l’aide de mots-clés librement choisis.
[9] Le site del.icio.us (<http://del.icio.us>) a été racheté par Yahoo !
[10] L’indexation sociale permet de déposer des tags (mots-clés) sur des micro-contenus (billets de blogs, images) ou sur des macrocontenus (sites Web ou ouvrages en ligne).
[11] Il est possible d’y partager des signets, des billets de blogs mais également des morceaux de musique, des photographies, etc. On peut également y jouer en ligne (applications ludiques), y bavarder, ou bien encore y travailler de manière collaborative, à l’aide par exemple de wikis intégrés.
[12] Pour plus d’informations, voir notamment Cardon (2008).
[13] Les applications les plus populaires sur le site Facebook sont de nature ludique : <http://www.allfacebook.com/2007/10/thetop-24-facebook-applications/>.
[14] C’est cette synchronisation totale que propose Google avec le service Google Gears (<http://gears.google.com>), qui fonctionne déjà sur Gmail (courrier électronique), GoogleReader (agrégateur de flux RSS), GoogleCalendar, et bientôt sur l’ensemble des services de la firme.
Français
Les réseaux sociaux posent aujourd’hui, au sens propre, la question documentaire appliquée au facteur humain. La gestion des identités numériques laisse entrevoir la constitution d’un pan-catalogue des individualités humaines, ouvert à l’indexation par les moteurs de recherche, et pose ainsi la question de la pertinence des profils humains. Ceux qui aujourd’hui indexent indistinctement des informations de nature publique, privée ou intime ont une connaissance très fine de « ce que dit de nous » la somme des documents dont nous sommes entièrement ou partiellement responsables. Il devient nécessaire de questionner le processus qui après avoir ouvert l’indexation à la marchandisation, après l’avoir parée de vertus « sociales », place aujourd’hui l’homme au centre même du cycle documentaire, non plus comme sujet acteur, mais comme un objet documentaire parmi d’autres. La question qui se pose est donc clairement celle du caractère indexable de l’être humain. Celle de savoir si l’homme est, ou non, un document comme les autres.
Mots-clés
English
Social networking sites (SNS) offer possibilities for cataloguing human beings as if we were documents. The management of digitized identities is pointing towards the creation of a global catalogue of human individuality that can be trawled and indexed by search engines, raising the problem of the relevance of human profiling. These social networking sites and search engines index data regardless of whether it is public, private or intimate, and they contain minutely detailed information on “what is said about us” in a mass of documents for which we are wholly or partly responsible. It is becoming imperative to question the process that, having opened up indexes to commercial use and attributed a gloss of social virtue to the fact of doing so, has placed human beings at the core of the documentation cycle, not any longer as an active subject but as documentary objects amongst others. The question, clearly, is how far human beings can be indexed: in other words, whether a human being is merely a document like any other.
Keywords
Olivier Ertzscheid
«
L'homme, un document comme les autres
»,
Hermès, La Revue
1/ 2009 (n° 53)
, p. 33-40
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URL : www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2009-1-page-33.htm.